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La population française d’Hypolais ictérine serait actuellement comprise entre 1500 et 2500 couples dont une centaine de couples en Picardie dans l’Aisne et sur notre littoral, ce qui est très faible pour un passereau. Sa population française a baissé de 66% entre 2001 et 2013 et son aire de reproduction ne fait que se rétrécir vers le nord-est depuis la fin des années 1980. Les territoires abandonnés sont colonisés par l’Hypolais polyglotte, espèce méridionale qui remonte vers le nord et qui est un potentiel concurrent de l’ictérine.

Insectivore, cette espèce apprécie les milieux boisés clairsemés humides qui ne sont pourtant pas en régression. Il semble que comme pour la Mésange boréale, cette espèce tend avec les changements climatiques à remonter vers ses bastions plus nordiques. Elle n’est notée qu’irrégulièrement sur le parc en période de nidification et de migration estivale.

Si vous avez entendu ou vu l’espèce sur le Parc, n’hésitez pas à nous contacter !

En juin de nombreux passereaux nourrissent des petits aussi bien au nid que quelques jours après leur envol. Dans les épais ronciers se sont les Fauvettes grisettes qui vont au ravitaillement en ramenant surtout des chenilles et de petites arachnides. Une deuxième couvée peut être effectuée par les couples les plus âgés et arrivant le plus tôt. Elle semble moins abondante cette année sur le parc. C’est un grand migrateur qui hiverne au sud du Sahara où elle est très sensible aux sécheresses sahéliennes et à la dégradation de la savane arbustive.. Avec les changements climatiques on constate que cet oiseau revient de plus en plus tôt de ses quartiers d’hivernage et quitte l’Europe de plus en plus tard. En vingt ans la date moyenne de retour est passée du 20 avril au 14 avril et les données de début octobre augmentent avec comme date extrême le 7 octobre 2015 (le 3 octobre pour la période 1973/1993). Un cas exceptionnel d’hivernage a eut lieu sur le parc le 17  décembre 2000.

(Photo: Jean Bail)

A l’entrée du parc, sur des pelouses dunaires rases, on peut rencontrer une bien étrange plante : l’orobanche du gaillet. Elle a l’aspect d’une tige morte aux couleurs marron miel, du fait que ces feuilles sont réduites à des écailles triangulaires. Et elle n’est jamais verte puisque que comme tous les orobanches c’est une plante qui ne synthétise pas la chlorophylle. C’est en effet une plante qui a perdu son autotrophie (puiser ses éléments nutritifs dans son seul milieu naturel) et doit se développer aux dépens d’une autre plante hôte. Les petites graines d’orobanche sont très nombreuses et émettent après la germination une pousse à l’aspect de racine qui se fixe rapidement sur la racine des gaillets (souvent croisettes ou jaunes dans les dunes) pour prélever des éléments nutritifs.

Pour lui faire néanmoins « pardonner » son côté parasite, elle émet un doux parfum d’ œillet ou de clou de girofle (selon les nez !).Du fait de son habitat localisé de pelouses dunaires rases, elle reste localisée sur le parc.

Une belle station d’Orchis bouc (plus de 30 pieds) est présente sur les pelouses dunaires en limite de pinède au fond des parkings. Lors de fortes fréquentations du parc notamment lors des ponts des jours fériés le stationnement des véhicules peut involontairement piétiner ces grandes orchidées (jusqu’à 90 cm de haut) comme nous l’a signalé avec sympathique un de nos visiteurs naturalistes gestionnaire d’une réserve en Belgique. La zone fut aussitôt délimitée pour éviter ses piétinements.

Cette belle orchidée (même si elle est peu colorée) possède de longs labelles de plus de 5 cm en forme de langue étroite et distille de près une subtile…odeur de bouc très attractive pour les insectes ! (chacun ses goûts!). Cette espèce n’est pas rare et menacée en France mais ne fréquente que les zones calcaires aussi bien sur les coteaux, pelouses dunaires ou talus de bord de route.

Texte et photos: Cécile Carbonnier (Guide naturaliste)

Depuis une dizaine de jours, les sentiers du parc grouillent de crapelets émergeant de leurs trois semaines de vie aquatique. Gare à vos pas ! Ils ne mesurent pas plus d’un centimètre et peuvent vous surprendre dès le début du petit parcours. A partir du mois de mars les femelles de Crapaud commun produisent des cordons de plusieurs mètres contenant jusqu’à 10 000 œufs, pas étonnant qu’on puisse les rencontrer très facilement et en grand nombre lorsque les juvéniles sortent de l’eau. Ces petits piétons traversent nos sentiers pour rejoindre une autre zone humide et s’y abriter. Vous pourriez également croiser le chemin du Crapaud calamite, facilement reconnaissable avec sa ligne vertébrale très claire. Ces espèces souffrent de la dégradation et de la fragmentation de leurs habitats mais ici au parc, ils sont protégés, alors ouvrez l’œil et si vous en croisez un, observez le et n’hésitez pas à vous assurer qu’il fasse bonne route !

Texte et photos: Gaëlle Micheli (Guide naturaliste)

 

 

 

Une femelle d’Harelde boréale est présente sur le parc du Marquenterre depuis début mai, se tenant souvent avec un groupe de Fuligules morillon. Ce petit canard marin (700 grammes) reste rare en France avec quelques dizaines d’oiseaux observés chaque année. Pourtant elle est un des canards plongeurs les plus abondant à l’extrême nord, se reproduisant au nord du cercle arctique polaire aussi bien en Europe qu’au Canada, en Alaska ou au Groenland. Leur aire principale d’hivernage se trouve en Baltique et en mer du Nord. Elle se nourrit  en plongée de coquillages, de crustacés et d’autres larves et peut atteindre 55 mètres de profondeur et rester presque 2 minutes sous l’eau !

Cette abondance nordique cache néanmoins un net déclin en Nord Russie avec une chute récente de la population de 65% entre 1993 et 2008. Si les données sur notre littoral aussi bien en mer que sur les étangs arrière littoraux sont surtout en hiver, les données de stationnement printanières en mue d’oiseaux immatures sont maintenant régulières depuis 2008. Les oiseaux peuvent alors rester plusieurs semaines comme un mâle sur le Marquenterre qui resta du 19 mars au 21 juin 1992 et qui faute de mieux…paradait auprès de femelles de Tadorne de Belon. Lorsqu’il nage l’oiseau se reconnaît bien à sa particularité d’être très enfoncé dans l’eau à la manière des cormorans et la plongée s’effectue en ouvrant à demi les ailes (comme chez les eiders ou les macreuses) jouant alors un rôle pour la progression en profondeur.

L’oiseau fut aussi nommé Harelde de Miquelon du nom de cette île nord américaine, ou Harelde kakawi  employé au Québec terme venant d’une langue indienne et rappelant les appels du mâle.

Photo: Bruno Levasseur

Le Hanneton commun (Melolontha melolontha) est un des insectes les plus connus, mais qui en a déjà vu aujourd’hui ? Ses jolies élytres brun chocolat ornées de sillons sont du plus bel effet. Les côtés de l’abdomen portent de curieuses marques blanches en triangle bien nettes. Le balai des antennes en éventail comportent 6 feuillets chez la femelle et 7 chez le mâle (photo). Adulte c’est un phytophage redoutable jour et nuit en privilégiant les feuillus comme les chênes. Les femelles pondent dans le sol une vintraine d’oeufs qui après 4 ou 5 semaines vont vivre 4 ans de développement larvaire souterrain. Ce sont les fameux vers blancs à la grosse tête noire voraces de racines. Cette longue métamorphose cyclique donne lieu aux célèbres années à hannetons avec les vols en essaim en soirée. Mais ces observations  sont bien loin, l’emploi massive d’insecticides, les labourages profonds ont fortement diminué la densité de ce gros insecte qui à l’époque provoqué de gros dégâts aux cultures. Il semble de nouveau un peu plus présent ces dernières années mais les temps de son abondance où les enfants lui mettait une fine ficelle au corps pour le faire voler comme un cerf volant sont bien révolus. Il reste le  Hanneton de la Saint Jean plus commun, observable en juin dans les jardins. Il est plus petit et se reconnaît à sa couleur rouille uniforme et ses poilslaineux.