Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Depuis une dizaine de jours, les sentiers du parc grouillent de crapelets émergeant de leurs trois semaines de vie aquatique. Gare à vos pas ! Ils ne mesurent pas plus d’un centimètre et peuvent vous surprendre dès le début du petit parcours. A partir du mois de mars les femelles de Crapaud commun produisent des cordons de plusieurs mètres contenant jusqu’à 10 000 œufs, pas étonnant qu’on puisse les rencontrer très facilement et en grand nombre lorsque les juvéniles sortent de l’eau. Ces petits piétons traversent nos sentiers pour rejoindre une autre zone humide et s’y abriter. Vous pourriez également croiser le chemin du Crapaud calamite, facilement reconnaissable avec sa ligne vertébrale très claire. Ces espèces souffrent de la dégradation et de la fragmentation de leurs habitats mais ici au parc, ils sont protégés, alors ouvrez l’œil et si vous en croisez un, observez le et n’hésitez pas à vous assurer qu’il fasse bonne route !

Texte et photos: Gaëlle Micheli (Guide naturaliste)

 

 

 

Une femelle d’Harelde boréale est présente sur le parc du Marquenterre depuis début mai, se tenant souvent avec un groupe de Fuligules morillon. Ce petit canard marin (700 grammes) reste rare en France avec quelques dizaines d’oiseaux observés chaque année. Pourtant elle est un des canards plongeurs les plus abondant à l’extrême nord, se reproduisant au nord du cercle arctique polaire aussi bien en Europe qu’au Canada, en Alaska ou au Groenland. Leur aire principale d’hivernage se trouve en Baltique et en mer du Nord. Elle se nourrit  en plongée de coquillages, de crustacés et d’autres larves et peut atteindre 55 mètres de profondeur et rester presque 2 minutes sous l’eau !

Cette abondance nordique cache néanmoins un net déclin en Nord Russie avec une chute récente de la population de 65% entre 1993 et 2008. Si les données sur notre littoral aussi bien en mer que sur les étangs arrière littoraux sont surtout en hiver, les données de stationnement printanières en mue d’oiseaux immatures sont maintenant régulières depuis 2008. Les oiseaux peuvent alors rester plusieurs semaines comme un mâle sur le Marquenterre qui resta du 19 mars au 21 juin 1992 et qui faute de mieux…paradait auprès de femelles de Tadorne de Belon. Lorsqu’il nage l’oiseau se reconnaît bien à sa particularité d’être très enfoncé dans l’eau à la manière des cormorans et la plongée s’effectue en ouvrant à demi les ailes (comme chez les eiders ou les macreuses) jouant alors un rôle pour la progression en profondeur.

L’oiseau fut aussi nommé Harelde de Miquelon du nom de cette île nord américaine, ou Harelde kakawi  employé au Québec terme venant d’une langue indienne et rappelant les appels du mâle.

Photo: Bruno Levasseur

Le Hanneton commun (Melolontha melolontha) est un des insectes les plus connus, mais qui en a déjà vu aujourd’hui ? Ses jolies élytres brun chocolat ornées de sillons sont du plus bel effet. Les côtés de l’abdomen portent de curieuses marques blanches en triangle bien nettes. Le balai des antennes en éventail comportent 6 feuillets chez la femelle et 7 chez le mâle (photo). Adulte c’est un phytophage redoutable jour et nuit en privilégiant les feuillus comme les chênes. Les femelles pondent dans le sol une vintraine d’oeufs qui après 4 ou 5 semaines vont vivre 4 ans de développement larvaire souterrain. Ce sont les fameux vers blancs à la grosse tête noire voraces de racines. Cette longue métamorphose cyclique donne lieu aux célèbres années à hannetons avec les vols en essaim en soirée. Mais ces observations  sont bien loin, l’emploi massive d’insecticides, les labourages profonds ont fortement diminué la densité de ce gros insecte qui à l’époque provoqué de gros dégâts aux cultures. Il semble de nouveau un peu plus présent ces dernières années mais les temps de son abondance où les enfants lui mettait une fine ficelle au corps pour le faire voler comme un cerf volant sont bien révolus. Il reste le  Hanneton de la Saint Jean plus commun, observable en juin dans les jardins. Il est plus petit et se reconnaît à sa couleur rouille uniforme et ses poilslaineux.

En ce mois de mai, le Pouillot fitis chante sur l’ensemble du parc. Souvent au sommet d’un saule (le nom anglais est Willow warbler, le chanteur des saules) on est souvent étonné de sa familiarité. Il est vrai que ce passereau jaune pâle de 10 grammes (la couleur des jeunes feuilles de saule naissantes!) nous revient d’Afrique équatoriale où il ne craint rien des humains ! Sur le sentier menant au poste 1 jusqu’à 6 mâles ont leur poste de chant habituel, se défiant sur leur micro territoire d’à peine un demi hectare. Cette espèce qui niche dans notre pays surtout dans le nord et l’est est en net déclin au niveau européen avec une baisse des effectifs de 38% entre 1980 et 2012 et 51% des effectifs entre 1989 et 2013 en France avec un net repli vers le nord est. Sur le parc l’espèce est bien suivie lors des opérations de baguage ( programme du CRBPO : Suivi temporel des oiseaux communs en période de nidification). Malgré des fluctuations annuelles dues à la météo printanière, il maintient bien ces fortes densités à l’inverse du Pouillot véloce.

Nouvelle édition de la Fête de la Nature 2017, c’est parti !

Venez célébrer avec nous la Fête de la Nature, notamment les super pouvoirs de nos chers amis à plumes fréquentant le parc, mais pas que !

Ce sera l’occasion de découvrir les différents exploits réalisés par les plus petites bêtes qui nous entourent, telles les fourmis, ou encore celles cachées au sein du monde végétal.

A vos agendas pour des manifestations 100% nature et gratuite :

  • Mercredi 17 mai à 14h : sortie familiale pour petits et grands, les enfants se verront attribuer à magnifique livret pédagogique à compléter avec les observations du jour
  • Samedi 20 et dimanche 21 à 9h : sortie « tout public » pour approfondir les exploits de la faune et flore rencontrées au fil de la visite
  • Dimanche 21 mai à 14h : « Les hirondelles égayent nos villages par leurs chants optimistes et joyeux, malgré leurs effectifs en déclin. Grande leçon de vie lorsqu’elle revienne après un parcours de plusieurs milliers de kilomètres pour s’installer précisément dans notre dépendance ou garage. Pour les aider, nous vous proposer de participer à un atelier de construction de nids d’hirondelles. Eric Gallet, l’animateur est intarissable d’éloge pour ce petit être de quelques grammes. » ATELIER possible dès 8 ans pour les enfants !

Attention les places sont limitées, réservez vite !

Informations et réservation au 03 22 25 20 71

 

A un mètre du sol, dans un petit trou soigneusement creusé dans un saule tout près du chemin niche un joli petit oiseau…. familier pour certains mais bien plus rare pour d’autres !

Chez nous, comme dans la plupart des régions de France, la Mésange huppée se laisse observer assez facilement dans les bois, forêts ou même dans les jardins. Elle a une préférence pour les conifères où elle recherche activement les petits insectes ou araignées, souvent en compagnie d’autres petits passereaux sylvestres tels que grimpereaux, roitelets ou d’autres mésanges. Peu craintive, souvent loquace et ornée d’une huppe caractéristique, elle égaie en déambulations sur les branches de pins du  Parc ou ailleurs.

Chez nos voisins  britanniques par contre, la Mésange huppée est loin d’être monnaie courante (ni en Euros ni en livres sterling !), car elle est confinée aux très anciennes forêts de résineux dans un petit coin des « Highlands », au nord de l’Ecosse. Avec un simple « channel » en séparation,  il est donc beaucoup plus facile alors pour les birdwatchers anglais de faire connaissance avec ce charmant petit oiseau ici plutôt qu’ailleurs.

La Mésange huppée fait partie d’un trio d’espèces particulièrement recherchées par nos amis britanniques si passionnés d’ornithologie. Avec la Gorgebleue et le Pic noir, elle confirme sa place dans les  « best of » du Parc, ceux qui sont rares ou même complètement absentes de la Grande Bretagne. Alors, envie de vous faire payer une bière ? (excellentes et bien différentes de nos « espèces » locales) alors il faut les emmener observer une de ces trois spécialités de chez nous ! Mais attention, ne parlez que des oiseaux, le Brexit n’est vraiment pas leur tasse de thé
!

Grâce à une image de Thomas Pesquet publiée sur les réseaux sociaux la semaine dernière, la superposition d’une vue plus ancienne (2012) illustre l’impressionnante dynamique de l’estuaire ! Ces mouvements de la baie ont un impact direct sur la distribution spatiale des oiseaux (entre-autres) sur le territoire mais aussi spécifiquement sur le Parc du Marquenterre.

 

Superposition de 2 images (Pléiades 2012-Thomas Pesquet 2017 ESA) :

Voir une autre superposition d’image (le parc 1982-2013)

Présent depuis le 4 mars 2017, le Grèbe esclavon souvent observé au poste 6, revêt son plumage nuptial. Son œil rouge (comme le Grèbe à cou noir ) se voit prolongé d’une dense aigrette orangée du plus bel effet sur la tête noir et le cou roux. La marque blanche à l’extrémité du bec devient bien visible sur le bec sombre et droit.  Il est le plus « gros » (400 grammes) des trois petits grèbes.

Cette espèce niche en Scandinavie, Russie et bords de la Baltique avec quelques petites populations isolées en Islande et en Écosse. Il est peu abondant en hivernage en France avec 300 à 500 individus principalement sur le littoral Manche-Atlantique, et reste peu fréquent en Picardie tant sur le littoral qu’à l’intérieur des terres. Le Grèbe esclavon avait déjà été observé en plumage nuptial à une date tardive sur le parc du 17 au 24 mai 2007.

Photographies du Grèbe esclavon en plumage nuptial ci-dessus et internuptial (25 mars) ci-dessous. Merci Fred Denis pour ces images !