Douceur et accalmie dans les vents tempétueux, la héronnière retrouve aussitôt ses premiers occupants. Au moins 67 Hérons cendrés sont observés ce week-end avec accouplements et travaux de transport des matériaux. Les aboiements gutturaux typiques de la période de nidification se font bien entendre. 14 Spatules blanches se reposent au sommet des pins, encore peu actives. Ce sont de superbes adultes aux teintes orangées sur la poitrine et à la huppe fournie tout droit de retour d’Afrique de l’Ouest . Nombre de Cigognes blanches sont aussi sur les nids, souvent encore solitaires en attente du partenaire de l’année dernière…ou d’un autre ! Pour celles en couple c’est déjà le temps des transports de matériaux, claquements de bec et autres accouplements.
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Vendredi 3 mars, deux vols de Grues cendrées sont observés au-dessus des flots de la baie de Somme en pleine marée haute. Ces deux groupes de 37 et 12 oiseaux partent plein nord d’un vol puissant à haute altitude. Nous sommes depuis fin février en pleine migration de ces grands échassiers qui remontent nicher en Scandinavie. Les Grues migrent en France le long d’un couloir centre- est d’environ 350 km de large entre les Ardennes et les Pyrénées Atlantiques. Si elles sont observées chaque année dans l’est de l’Oise et dans l’Aisne, les Grues cendrées restent peu notées sur le littoral. Le fort vent de sud-est est certainement responsable de ce décalage de quelques groupes vers l’ouest. Ce fut l’occasion aussi de surprendre deux Milans royaux en migration là aussi au-dessus des flots mais à très basse altitude pour se protéger du vent. Pour notre grand plaisir des yeux…
Le poste 1 est actuellement en plein travaux. Les îlots où nichent habituellement les Avocettes, Mouettes rieuses et Mélanocéphales sont en totale réfection. Au fil des tempêtes et du clapot ils se sont inexorablement ravinés. Les berges les plus exposées aux flots de chaque îlot sont maintenant recouverts par des poches de graviers recouverts de sédiments qui maintiennent leur base. L’ensemble du plan d’eau va être entouré d’une clôture fixe pour éviter la forte prédation du renard qui au printemps porte chaque année atteinte aux colonies de laro-limicoles. Des travaux longs et coûteux seront achevés avant l’arrivé des oiseaux en mars sur ces sites de nidification.
Dimanche matin, vers 9h, un cri caractéristique s’entend de loin depuis le pavillon d’accueil. Tout le monde dehors pour lever les yeux au ciel ! Le bruit s’intensifie, elles se rapprochent ! Un magnifique vol d’Oies cendrées en ligne parfaite file vers le nord, au ras des arbres. La journée s’annonce bien…
Pour le troisième jour de suite la migration des oies bat son plein. Au Parc du Marquenterre le passage est bien visible avec plusieurs vols de jusqu’à 100 individus ensembles. Elles longent notre littoral vers leur prochaine halte migratoire. Leur destination finale est encore loin (notamment le Danemark et la Norvège, pour les oiseaux passant par ici) mais la migration prénuptiale est souvent plus rapide et direct que la descente d’automne. Dès début mars, voir fin février les premières oies seront déjà de retour sur leurs zones de reproduction. Il s’agit de regagner au plus vite les meilleurs territoires !
D’autres observateurs dans la région profitent du spectacle aussi. Des mouvements importants sont signalés à Rue, Abbeville, Fort-Mahon… même au dessus de la cathédrale de Beauvais ! Avec un vent de face les migrateurs volent bas, car près du sol la vitesse du vent est moins élevée. Tout est pris en compte pour faire des économies d’énergie.
C’est un moment que l’on attend avec impatience chaque année. Une observation qui dure à peine quelques secondes, mais qui restent gravée dans le mémoire pour toujours et depuis toujours… On souhaite donc « bonne route» à ces oiseaux mythiques, synonymes des voyages sans frontières…
Le vent et le radoucissement ont eu raison des 7 cm d’épaisseur de glace des plans d’eau du parc le weekend dernier.
Les trous d’eau maintenus au quotidien en cassant la glace (à la bêche !) ou en maintenant des courants d’eau ont permis à de nombreux oiseaux de bénéficier encore d’eau libres. Les espèces les plus sensibles au gel comme les Canards souchets, Spatules ainsi que plusieurs centaines de Sarcelles d’hiver ont pu partiellement continuer leur hivernage. A peine 7 heures après le dégel débuté les Garrots à œil d’or sont aussitôt revenus sur les grands plans d’eau saumâtres. Étonnante rapidité de réactivité pour ces oiseaux bien fidèles à leur site précis d’hivernage. Un superbe mâle de Harle piette est observé régulièrement en compagnie de 4 femelles. Deux Butors étoilés ont su passé les frimas et profiter des roselières au poste 6 ou du bas marais des postes 11 et 12 où dimanche des Cigognes blanches se « gavaient » de Crapauds communs en hibernation ! . La vie est toujours plus forte que les aléas !
Alors se que les allées du parc sont toutes dénudées de leurs feuilles, on remarque souvent au sol des tas de plumes.
Ces plumées sont généralement l’œuvre de l’Épervier d’Europe qui capture auras du sol dans les sentiers les passereaux. Il va les plumer au sol sur le proche lieu de capture avant de les consommer plus loin en toute sécurité. La densité d’Épervier est strictement tributaire de la densité de proies qui est constituée en hiver quasiment que de petits passereaux. Les années de faible densité de passereaux comme cette année, le rapace est moins abondant. Deux à trois oiseaux chassent sur le site et sont parfois bagués sur les stations de baguage au fond du poste 6 ou du parking notamment en période de migration postnuptiale où des oiseaux scandinaves passent en migration.
Un comportement particulier a été observé sur les plans d’eau du Parc : un ballet frénétique de Canards souchet tournoyant sur eux-mêmes.
Cette ronde en apparence désordonnée, a pourtant un objectif bien précis…attraper le maximum de petits animaux planctoniques en suspension dans l’eau. La gestion des niveaux d’eau sur le Parc, maintenue à un niveau bas momentanément, donne lieu à ce phénomène. La remontée du plancton lorsque les mares sont de nouveau alimentées par les eaux créent alors de fortes concentrations, vite repérées par les oiseaux. Ces remontées d’eau appelées « upwelling » en anglais sont régulièrement observées sur les océans lorsque des vents très forts poussent les eaux de surface. Un effet d’aspiration permet aux eaux de profondeur chargées de nutriments de remonter.
Les Canards souchet accentuent ce phénomène avec cet effet « toupie » qui doit favoriser cette remontée du plancton. Ce magnifique canard a de plus, un bec bien particulier. Il est composé de sortes de fanons permettant de filtrer de façon optimale la nourriture de petit calibre. Son ancien nom « louchard » connu notamment à Hénin Beaumont témoigne de la forme de son bec : un bec comme un « louchet » utilisé pour creuser dans les tourbières…au fil du temps, le « l » se serait transformé par confusion en « s » ! Bref… le bec idéal pour exploiter ce filon peu accessible aux autres canards !
Photo: Mickaël Batel
Après quelques observations sur le parc lors des hivers très rigoureux comme en 1979 et 1985, le Cygne de Bewick se fit bien rare sur le parc. De 1986 à 2012 il ne fut observé que cinq fois.
La grande vague de froid de 2013 va créer sur le parc une véritable petite tradition annuelle d’hivernage avec 12 oiseaux (dont un oiseau bagué à Slimbridge en Angleterre) du 2 février au 27 mars. Le 8 mars, 19 oiseaux sont observés quelques instants en faisant le plus important rassemblement connu en Picardie. En 2014 un couple est revu avec deux juvéniles à partir du 12 décembre. En 2015 jusqu’à 6 adultes et 2 immatures vont hiverner. Le 20 décembre 2016, quatre adultes et 1 juvénile sont de retour. Est ce les même oiseaux adultes qui reviennent chaque année sur le lieu ? Une femelle baguée en Russie dans la baie de la Petchora fut notée de décembre 2014 au 7 février 2015 sur le parc.
Le Cygne de Bewick reste une espèce peu commune avec 44.000 oiseaux nicheurs en Sibérie russe. La population qui hiverne en Europe de l’Ouest, nichant à l’ouest de l’Oural, est la plus fragile avec 14.000 individus dont près de la moitié vont hiverner en Grande Bretagne notamment dans la réserve de Slimbridge où le célèbre ornithologue Peter Scot passa sa vie à étudier ce superbe oiseau.
Photos: Hubert et Martine Leleu