Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Dimanche matin, vers 9h, un cri caractéristique s’entend de loin depuis le pavillon d’accueil. Tout le monde dehors pour lever les yeux au ciel ! Le bruit s’intensifie, elles se rapprochent ! Un magnifique vol d’Oies cendrées en ligne parfaite file vers le nord, au ras des arbres. La journée s’annonce bien…

Pour le troisième jour de suite la migration des oies bat son plein. Au Parc du Marquenterre le passage est bien visible avec plusieurs vols de jusqu’à 100 individus ensembles. Elles longent notre littoral vers leur prochaine halte migratoire. Leur destination finale est encore loin (notamment le Danemark et la Norvège, pour les oiseaux passant par ici) mais la migration prénuptiale est souvent plus rapide et direct que la descente d’automne. Dès début mars, voir fin février les premières oies seront déjà de retour sur leurs zones de reproduction. Il s’agit de regagner au plus vite les meilleurs territoires !

D’autres observateurs dans la région profitent du spectacle aussi. Des mouvements importants sont signalés à Rue, Abbeville, Fort-Mahon… même au dessus de la cathédrale de Beauvais ! Avec un vent de face les migrateurs volent bas, car près du sol la vitesse du vent est moins élevée. Tout est pris en compte pour faire des économies d’énergie.

C’est un moment que l’on attend avec impatience chaque année. Une observation qui dure à peine quelques secondes, mais qui restent gravée dans le mémoire pour toujours et depuis toujours… On souhaite donc « bonne route» à ces oiseaux mythiques, synonymes des voyages sans frontières…

Le vent et le radoucissement ont eu raison des 7 cm d’épaisseur de glace des plans d’eau du parc le weekend dernier.

Les trous d’eau maintenus au quotidien en cassant la glace (à la bêche !) ou en maintenant des courants d’eau ont permis à de nombreux oiseaux de bénéficier encore d’eau libres. Les espèces les plus sensibles au gel comme les Canards souchets, Spatules ainsi que plusieurs centaines de Sarcelles d’hiver ont pu partiellement continuer leur hivernage.  A peine 7 heures après le dégel débuté les Garrots à œil d’or sont aussitôt revenus sur les grands plans d’eau saumâtres. Étonnante rapidité de réactivité pour ces oiseaux bien fidèles à leur site précis d’hivernage. Un superbe mâle de Harle piette est observé régulièrement en compagnie de 4 femelles. Deux Butors étoilés ont su passé les frimas et profiter des roselières au poste 6 ou du bas marais des postes 11 et 12 où dimanche des Cigognes blanches se « gavaient » de Crapauds communs en hibernation ! . La vie est toujours plus forte que les aléas !

Alors se que les allées du parc sont toutes dénudées de leurs feuilles, on remarque souvent au sol des tas de plumes.

Ces plumées sont généralement l’œuvre de l’Épervier d’Europe qui capture auras du sol dans les sentiers les passereaux. Il va les plumer au sol sur le proche lieu de capture avant de les  consommer plus loin en toute sécurité. La densité d’Épervier est strictement tributaire de la densité de proies qui est constituée en hiver quasiment que de petits passereaux. Les années de faible densité de passereaux comme cette année, le rapace est moins abondant. Deux à trois oiseaux chassent sur le site et sont parfois bagués sur les stations de baguage au fond du poste 6 ou du parking notamment en période de migration postnuptiale où des oiseaux scandinaves passent en migration.

Un comportement particulier a été observé sur les plans d’eau du Parc : un ballet frénétique de Canards souchet tournoyant sur eux-mêmes.

Cette ronde en apparence désordonnée, a pourtant un objectif bien précis…attraper le maximum de petits animaux planctoniques en suspension dans l’eau. La gestion des niveaux d’eau sur le Parc, maintenue à un niveau bas momentanément, donne lieu à ce phénomène. La remontée du plancton lorsque les mares sont de nouveau alimentées par les eaux créent alors de fortes concentrations, vite repérées par les oiseaux.  Ces remontées d’eau appelées « upwelling » en anglais sont régulièrement observées sur les océans lorsque des vents très forts poussent les eaux de surface. Un effet d’aspiration permet aux eaux de profondeur chargées de nutriments de remonter.

Les Canards souchet accentuent ce phénomène avec cet effet « toupie » qui doit favoriser cette remontée du plancton. Ce magnifique canard a de plus, un bec bien particulier. Il est composé de sortes de fanons permettant de filtrer de façon optimale la nourriture de petit calibre. Son ancien nom « louchard » connu notamment à Hénin Beaumont témoigne de la forme de son bec : un bec comme un « louchet » utilisé pour creuser dans les tourbières…au fil du temps, le « l » se serait transformé par confusion en « s » ! Bref… le bec idéal pour exploiter ce filon peu accessible aux autres canards !

Photo: Mickaël Batel

Après quelques observations sur le parc lors des hivers très rigoureux comme en 1979 et 1985, le Cygne de Bewick se fit bien rare sur le parc. De 1986 à 2012 il ne fut observé que cinq fois.

La grande vague de froid de 2013 va créer sur le parc une véritable petite tradition annuelle d’hivernage avec 12 oiseaux (dont un oiseau bagué à Slimbridge en  Angleterre) du 2 février au 27 mars. Le 8 mars, 19 oiseaux sont observés quelques instants en faisant le plus important rassemblement connu en Picardie. En 2014 un couple est revu avec deux juvéniles à partir du 12 décembre. En 2015 jusqu’à 6 adultes et 2 immatures vont hiverner. Le 20 décembre 2016, quatre adultes et 1 juvénile sont de retour. Est ce les même oiseaux adultes qui reviennent chaque année sur le lieu ? Une femelle baguée en Russie dans la baie de la Petchora fut notée de décembre 2014 au 7 février 2015 sur le parc.

Le Cygne de Bewick reste une espèce peu commune avec 44.000 oiseaux nicheurs en Sibérie russe. La population qui hiverne en Europe de l’Ouest, nichant à l’ouest de l’Oural, est la plus fragile avec 14.000 individus dont près de la moitié vont hiverner en Grande Bretagne notamment dans la réserve de Slimbridge où le célèbre ornithologue Peter Scot passa sa vie à étudier ce superbe oiseau.

Photos: Hubert et Martine Leleu

Le Merle noir est sûrement l’oiseau le plus commun de votre jardin, aussi bien en ville qu’à la campagne (une des 10 espèces les plus abondantes de France avec 5 à 8 millions de couples).

Pourtant sous ses airs sympathiques de «communs » et « locaux » il peut être lui aussi un bien grand migrateur. Les Merles noirs migrent surtout en nombre de nuit, même si au point de vue ces jours ci on les voit passer par ciel clair, souvent en compagnie des Grives musiciennes. Leur migration a commencé discrètement à la fin septembre pour vraiment s’intensifier fin octobre début novembre. Seulement 10% à 15% de nos merles nichant dans le nord de la France sont migrateurs (ils hivernent en péninsule ibérique, en Aquitaine ou en Bretagne). Ceux-ci qui nous survolent, grâce à l’analyse des bagues, nous arrivent de Belgique, Pays Bas, Suède voir parfois d’Angleterre et même de la Baltique jusqu’en nord  Russie.

Plusieurs dizaines d’oiseaux sont bagués chaque année sur le parc et à proximité (Rue, Noyelles…)

Sur le tronc d’un arbre mort, un insecte est à l’oeuvre…il s’agit d’un ichneumon c’est à dire une « guêpe parasite » du genre Ephialtes (Ephialtes manifestator).

La morphologie et son comportement très particulier seraient caractéristiques de l’espèce. En effet la femelle a un abdomen en taille de guêpe, particulièrement long, et un appareil ovipositeur toujours visible et très impressionnant. De plus, l’insecte effectue des acrobaties très curieuses en tournant sur lui-même, tête en bas. En fait, cette femelle est en train de pondre. Si on y prête davantage d’attention, on peut remarquer une sorte de long fil fin recourbé, touchant le bois. Ce « fil » appelé une « tarière » est en train de forer le bois obligeant l’ichneumon à pivoter autour de cet axe. L’objectif est d’atteindre la larve d’un coléoptère caché sous l’écorce et d’y pondre son oeuf! Cet oeuf se développera au détriment d’un autre être vivant, maillon de ce complexe et subtil équilibre des espèces. Comme quoi d’un arbre mort, tout un cycle de vie s’opère!

Depuis quelques semaines maintenant, de nombreux Canards arrivent sur le Parc afin d’y passer les quelques mois d’hiver. C’est par exemple le cas des Canards souchet (494 individus au dernier comptage).

Cette espèce fait partie des Canards dits « de surface » parfois également appelé « barboteurs ». Avec son bec plus long que la tête, aplati en large spatule à l’extrémité et garni de lamelles très fines et serrées il est capable de filtrer l’eau de façon très efficace à l’instar de la Baleine et de ses fanons. Comme tous les Canards de surface, son comportement de nourrissage varie entre promener son bec à la surface de l’eau et fouiller la vase du fond en immergeant la tête et le cou ou en basculant son corps vers l’avant si la profondeur augmente. Au contraire, les Canards dits « plongeurs » (tels que les Fuligules) iront quant à eux chercher leur nourriture en plongeant entièrement dans les zones plus profondes encore et inaccessibles aux Canards de surface.

C’est donc avec étonnement que l’on observe dernièrement certains Canards souchet changer de comportement en plongeant la totalité de leur corps sous l’eau pendant plusieurs secondes avant de remonter à la surface. Ce comportement, peu fréquent, pourrait s’expliquer par l’abondance ponctuelle de nourriture à des profondeurs plus importantes. Voulant profiter de cette aubaine, certains individus se spécialisent dans le plongeon, étant pourtant moins adaptés à cette pratique. En effet, les Canards plongeurs disposent de pattes positionnées plus en arrière du corps, permettant une meilleure propulsion sous l’eau alors que les pattes des barboteurs se trouvent bien au centre du corps afin d’assurer une nage de surface efficace.