Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Le week end du 14 et 15 décembre fut particulièrement venteux avec probablement des pointes à la mi journée autour de 100 km/heure ou plus,  mais cela valait le coup d’être là pour « apprécier » les éléments !

Malgré le coefficient moyen, la sur-côte de la marée due au vent a fait que plus de 740 Courlis cendrés sont rentrés sur le parc avec quelques Barges rousses qui n’ont daigné se mélanger avec les Barges à queue noire hivernantes. Islandaises et Lapones vivent chacune avec des exigences, pour la première plutôt l’eau douce et pour l’autre l’eau salée… et tant pis pour la convivialité !

Le reposoir de Goélands était spectaculaire avec plus de 2400 Goélands argentés et 380 Goélands marins. De belles observations  aussi avec ces deux femelles de Harles piettes et 10 Garrots à œil d’or ensembles. La surprise est venue de ces 6 Bernaches cravants (5 adultes au petit collier blanc et 1 juvénile) qui sont restées au poste 7 quelques longues… secondes, le temps de boire et de repartir vers la baie de Somme ! 

Que d’admiration devant la chasse des busards imperturbables face au puissant vent de face ! A noter qu’au survol du Busard des roseaux : canards et limicoles décollent alors qu’ils restent relativement calme au passage de la femelle de Busard Saint Martin. Un juvénile de Busard des roseaux peut s’emparer d’un canard blessé ou d’une foulque en l’obligeant à plonger jusqu’à épuisement, là le Busard Saint Martin va capturer des proies plus petites. Les oiseaux font aussi de l’ornithologie et déterminent parfaitement leur prédateur bien au-delà de toute réaction innée !

Texte: Philippe Carruette

Photo: Alexander Hiley

 

Profitant des périodes de niveau d’eau bas avec la sécheresse de l’été, les berges du poste 9 intérieur ont été remodelées pour favoriser la recherche de lanourriture pour les limicoles. Plusieurs îlots ont été refaits, servant selon les saisons à la nidification des Avocettes élégantes – notamment en couvée de remplacement en juin – ou au stationnement estival des échassiers, grands ou petits.

Les oiseaux, principaux bénéficiaires et “juges”, ne se sont pas trompés quant à la qualité des travaux : à peine la grue (jaune celle-ci !) repartie, Barges à queue noire et Spatules blanches (jusqu’à 256 le 1er octobre) se reposaient sur les ilôts. Chevaliers gambettes et arlequins, Sarcelles d’hiver et derniers guignettes de l’année arpentaient les berges comme une véritable piste d’athlétisme alimentaire !

Merci à Cédric Jolibois, technicien du Parc, d’avoir manié la pelle avec dextérité pour le confort des oiseaux ; il a pu apprécier aussitôt la réponse positive de son travail, et nous aussi !

Texte et illustrations : Philippe Carruette

La mi-septembre a été l’occasion d’observer en migration un passereau devenu bien rare en Picardie : le Tarier des prés. Jusqu’à 11 individus – surtout des juvéniles – ont été notés sur les digues sèches des postes 4 et 11. Perchés sur des tiges d’onagre ou à la tête d’un argousier, ils ont fière allure avec le sourcil clair, la poitrine orange brique, et leur air hautain de scruteur du ciel. Ils capturent en effet les insectes au sol ou en plein vol, à la manière du gobemouche. 

Ce grand migrateur transsaharien (hivernant du sud du Sahara à l’Afrique centrale) a une prédilection, en période de nidification, pour les bas-marais et prairies de fauche. Le milieu qu’il ne fallait vraiment pas “choisir” en ce moment ! Son déclin, déjà bien amorcé dans les années 1980, est aujourd’hui consumé et en parfait parallèle avec la disparition de l’élevage en prairie naturelle, la pratique de fauche pour le foin, et la baisse drastique des insectes volants de milieux ouverts. Le Tarier des prés fréquente aussi les prairies alpines, les tourbières à molinies et les landes à bruyères, où là aussi son déclin est plus que conséquent dans ces habitats pourtant épargnés. On ne le trouve plus qu’en haute altitude, en limite des boisements, peut-être du fait aussi du réchauffement climatique. De plus, sur ses zones d’hivernage, il est fortement tributaire des irruptions de termites volantes liées aux pluies qui doivent être précoces, afin qu’il accumule des réserves de graisse indispensable à un voyage de retour de parfois 6000 km… 

Un ensemble de spécialisations guère au goût du jour ! Nicheur commun au 19ème siècle dans la Somme, on ne l’a plus observé que dans basse vallée de la Somme sur le littoral (marais des Quatre-Cents Coups, renclôtures de Boismont…). Il semble que l’espèce soit désormais éteinte en période de reproduction dans ce département. Un mâle était cantonné à Boismont il y a quatre ans sans qu’une femelle ne le rejoigne. Pour la Picardie, les dernières populations viables sont localisées dans les prairies inondables de la vallée de l’Oise, entre Thourotte et Hirson, et en Thiérache au niveau des affluents de l’Oise dans l’Aisne. En 20 ans, le constat est clair : la France a perdu 75% des effectifs de cet emblème historique des prairies naturelles…

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Matthieu Robert

TELECHARGER le comptage du 3 octobre 2019

En bref: Plus de 6,000 Huîtriers pie en baie, 580 Bécasseaux maubèche, 348 Canards souchet…

Lors des chaudes journées d’été, un spectacle étrange se joue parfois dans les postes d’observation du Parcau-dessus de la tête de certains visiteurs sagement installés dans les abris, pendent de curieux petits cercueils velus… Mauvais présage ? Au contraire ! Il s’agit en réalité de chauves-souris : elles dorment blotties entre les chevrons de bois, attendant la nuit pour chasser. Mais en période de canicule, elles descendent de quelques centimètres pour fuir la chaleur étouffante emprisonnée dans leur cachette étroite. 

Parmi les sept espèces recensées sur la Réserve de la Baie de Somme, on peut croiser le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus). Ainsi suspendu, sa silhouette générale évoque la forme d’un sarcophage. Mais son pelage ébouriffé n’abrite ni momie, ni vampire ! De taille moyenne (4,1 à 5,3 cm), on le reconnaît à sa toison longue et épaisse, brun roux sur le dos, légèrement plus claire sur le ventre ; d’apparence laineuse, elle lui donne un aspect négligé… certains oseront même dire mal coiffé. Et, lorsque la condensation s’en mêle, le petit mammifère volant se retrouve avec un poil détrempé aux structurations variées, comme autant de pointes de pinceaux. De plus, notre peintre chiroptère doit son nom à la large échancrure qui sculpte le bord externe de son pavillon auriculaire. Un vrai Van Gogh à l’oreille coupée !

Les individus cachés dans les postes sont généralement des mâles estivant en solitaire,  loin du tumulte des nurseries où les femelles mettent bas. Placides, ils se reposent jusqu’au coucher du soleil. C’est la nuit qu’ils explorent les alentours de leur gîte, effleurant de-ci de-là le feuillage des arbres. Les rives des plans d’eau du Parc, bordés de saules et de peupliers, offrent un territoire de chasse idéal, où ils peuvent glaner mouches et araignées.

Dans quelques semaines, les Murins, très grégaires, se rassembleront pour hiberner. Exclusivement cavernicoles, ce sont de gros dormeurs, puisqu’ils pourront rester près de 7 mois dans leur chambre ! Un record en Europe. D’ici là, profitons de leur bouille velue, mais attention ! Comme la plupart des chauves-souris, ils sont lucifuges, c’est-à-dire qu’ils craignent la lumière. Loin de flatter leur ego, les flashes des appareils photos les stressent beaucoup. Alors éteignons tout… Et savourons…

Texte : Cécile Carbonnier

Illustrations : Gaëlle Micheli

TELECHARGER le comptage du 27 septembre 2019

En bref: 942 Canards colvert, 459 Sarcelles d’hiver, 188 Spatules blanches…

À partir du lundi 30 septembre auront lieu d’importants travaux sur le Parc du Marquenterre. Une partie des parcours ne sera plus accessible au public en semaine. 

Où ? La zone de travaux concerne l’aulnaie qui s’étend entre les observatoires 11 et 12.

Combien de temps ? La durée est estimée à deux semaines.

Pourquoi ? Le massif dunaire du Marquenterre, de la Baie d’Authie à la Baie de Somme, renferme un patrimoine naturel exceptionnel menacé par l’embroussaillement. Un projet de réouverture de milieu sur 75 hectares (3 ha sur le Parc) est mené sur 3 ans, financé par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie, les fonds européens et le Conservatoire du Littoral. Le but est de redonner son aspect ouvert au bas-marais, milieu remarquable dont le Parc a une responsabilité de préservation. En effet, il est propice à l’installation de plantes pionnières, et de tout le cortège d’insectes et d’amphibiens qui en dépendent. L’arrachage du système racinaire des ligneux mettra le sol à nu, et redynamisera la banque de graines en dormance. Néanmoins, un écran d’aulnes sera maintenu le long du chemin, afin de limiter le dérangement et préserver les postes de chants de nombreux passereaux.

Des travaux similaires avaient permis l’installation d’une petite station de Liparis de Loesel, orchidée protégée au niveau national

Comment ? Profitant des niveaux d’eau bas, l’arrachage et le broyage seront effectués par un engin forestier de forte puissance à chenilles.

Et après ? Dans la continuité des travaux, une clôture sera posée afin d’accueillir des vaches Highland et garder le milieu ouvert. Des points de vue matérialisés par des rambardes permettront aux visiteurs d’observer le nouvel espace. Quant aux matériaux, ils seront exportés et valorisés dans une chaufferie industrielle, ou un centre de compostage selon la nature du broyat.

N’hésitez pas à vous adresser aux guides pour de plus amples informations !