Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Un reportage de Sabine et Bernard GODARD, journalistes pour France 3 Picardie.

 

La nature en baie de Somme et dans le parc du Marquenterre, ce ne sont pas uniquement des oiseaux mais aussi des mammifères, des reptiles, des amphibiens et bien sûr des invertébrés de tous
ordres et des fleurs.

Les insectes sont une invitation à la photo en cette saison car les fleurs fleurissent un peu partout. Les butineurs et les insectes qui dépendent de températures plus clémentes, comme les
odonates, sont de sortie. Au bord des chemins, des plans d’eau, dans les prairies,  les insectes montrent leurs formes et leurs couleurs. Quand il fait gris, c’est le moment à
privilégier : les tons sont plus doux (pas d’ombres portées) et le métabolisme des insectes est ralenti, surtout s’il ne fait pas très chaud. En contrepartie, la lumière est moins généreuse
et les vitesses permises plus faibles.

En fait le véritable ennemi du photographe c’est le vent : la moindre brise, la plus petite respiration d’Eole et les yeux du sujet sortent de la zone de netteté, laquelle est assez faible
aux grandes ouvertures. Il faut alors remettre l’ouvrage sur le tapis, encore et encore.

 


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Texte et photos: Fabian Vol

 

Samedi 30 juin a eu lieu une sortie contée exceptionnelle en picard au parc du Marquenterre. 10 personnes ont pu découvrir la réserve entre 17h30 et 20h30 en Jean Marie François, célèbre conteur
picard. De sublimes lumières ont accompagnés le groupe durant toute la visite. Avocettes, Spatules, Echasses, Tadornes, pardon ClèpesPlatèles, Gambardes et
Ringands étaient au rendez vous. C’est l’occasion aussi d’observer le soir (le parc est alors fermé au public) de multiples comportements comme les essais de musculation  des jeunes
cigognes prêtes à l’envol, s’initier au chant des passereaux. Trois espèces de juvéniles de crapauds et grenouilles sont observés, permettant à Jean Marie François de distiller d’agréables
légendes locales. Malgré quelques discrets bisous…point de princes ni de princesses…du moins pour l’instant !

La sortie se prolongea dans le pavillon d’accueil avec des produits locaux : porc fermier en gelée, soupe d’Aster maritime, salicornes, cidre et jus de pomme picards…Un superbe mâle de
chevreuil se présenta de longues à quelques mètres dans les dunes devant le pavillon…mais il n’avait pas réservé sa place. De bien agréables moments naturalistes.

Clou (et but final !) de la soirée Jean Marie nous fit une bien belle veillée contée en picard (avec traduction simultanée !) avec bien entendu des histoires et légendes d’osieaux. Jean
Marie François est tout de même le seul à avoir pu observer la parade nuptiale de la Bitarde le seul oiseau qui vole en rond du fait d’avoir une aile plus courte que l’autre… ! Les poissons,
les batraciens, et même les moines de Saint Valery sur Somme ne furent pas oubliés. N’oublions pas que la Picardie est une terre de naturalistes, d’observateurs de la vie sauvage et les légendes
populaires liées à la faune et la flore sont légions dans notre région. Ainsi la majorité des oiseaux même les moins fréquents ont des noms picards voir même, luxe suprême, plusieurs noms
locaux ! Jean Marie François grand randonneur et « rodayeux » dans l’éternel les perpétue, les adapte et les  fait évoluer pour notre grand plaisir et celui de notre
patrimoine linguistique qui s’inscrit dans l’histoire…la grande et la petite… !

 

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Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Rare observation sur le parc de cet étonnant insecte qu’est la courtilière, appelée aussi le grillon-taupe de par ses principales
caractéristiques. Le corps robuste possède une paire de pattes antérieures fouisseuses d’une dimension et d’une puissance exceptionnelles qui font penser à celles de la taupe. Ces véritables
pelles, armées de dents coupantes, sont capables de couper toutes les racines qu’elles trouvent sur leur passage en creusant des galeries. La courtilière affectionne les milieux humides, les
terres légères et sablonneuses et a un mode de vie nocturne ce qui la rend très discrète. En Picardie, la courtilière est très peu observée. 

 

Courtilière Lucie Moral

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Texte et photos: Lucie Moral (Guide Naturaliste)

Cet impressionnant combat entre deux mâles de Grèbes huppés a eu lieu le 27 mai dernier. Nous avons déjà vu des accrochages entre couples de Grèbe huppé mais qui restaient brefs et sous forme de
poursuites, mais jamais un tel pugilat de mâles (plus colorés que les femelles).

Cette année 6 couples sont présents sur le site et la nourriture, du fait du printemps trop longtemps froid, est plus rare. Cela donne une forte agressivité des couples, du retard dans la
construction de nids (2 nids pour l’instant) et probablement une agressivité exacerbée des couples.

Lors de cette confrontation une Foulque est intervenue à point nommé…. pour défendre elle aussi son territoire alimentaire même si les deux espèces ont un régime alimentaire totalement
différent. 

 

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Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Jean Bail

Entendu fréquemment mais observé plus difficilement, le Coucou gris arrive dans notre région en avril et repart vers l’Afrique tropicale très
tôt (dès juillet). Pour ceux qui ont la chance de le voir pendant son bref séjour c’est souvent une observation furtive d’un oiseau gris en vol avec une longue queue et ailes pointues, tout comme
un petit rapace. 

Exceptionnellement le Coucou n’est pas gris…mais roux. Chez certaines femelles, la coloration grise est remplacée complètement ou partiellement par une teinte rousse caractéristique (type
« hépatique »).  Les individus de cette « phase » sont notés tous les ans au parc mais rarement capturés en photo !

Gris ou roux, les coucous ont, bien sûr, un mode de reproduction très particulier puisqu’ils pratiquent le « parasitisme ». En effet, en pondant ses œufs dans le nid d’une autre espèce
le coucou fait supporter à l’hôte une grande partie des dépenses énergétiques liées à la reproduction. Parmi les espèces souvent parasités dans notre région on trouve la Rousserolle effarvatte,
le Pipit farlouse, l’Accenteur mouchet… Uniquement les petits passereaux sont parasités avec succès. 

Au cours du printemps le coucou peut arriver à une ponte totale de plus de 20 œufs ! Les œufs ne sont pas proportionnels à la taille de l’adulte et ressemblent souvent à ceux des hôtes. La
femelle de coucou surveille discrètement et profite de l’absence des hôtes pour pondre son œuf rapidement. Mais attention, pas question de laisser la moindre trace de son geste. Afin que les
hôtes ne soupçonnent rien, elle mange ou éjecte un des œufs déjà présents. Le nombre d’œufs total dans le nid reste donc le même…

Le poussin de coucou éclôt en avance sur ceux de l’hôte et, grâce a sa grande taille et sa croissance rapide, il jette les autres œufs ou poussins en dehors du nid pour se favoriser (sa peau ne
supporte aucun contact pendant deux ou trois jours). Les parents le nourrissent alors comme leur propre jeune. Quelque soit la réaction que provoque ce comportement unique, l’on ne peut pas nier
que le coucou est un de nos oiseaux les plus spécialisés.

 

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Texte: Alexander Hiley (Guide naturaliste)

 Photo: Jean-pierre Gennotte

Un couple de Tourterelle turque niche pour la première fois au parc en mai 2013 dans la pinède proche du pavillon d’accueil. Elle n’était
noté avant qu’en migration et nichait au plus près dans le hameau du Bout des Crocs à l’entrée du parc. Originaire d’Asie et du Proche-Orient cette espèce a colonisé toute l’Europe en à peine 50
ans. En France le premier oiseau a été noté dans les Vosges en 1950, et la première nidification remarquée en Champagne en 1952. Elle arrive à Amiens en 1957 et à Abbeville en 1961, gagnant les
villages de la Somme à la fin des années 1960. Commensale de l’Homme on voit que cette espèce petit à petit colonise des milieux de plus en plus naturels.

Un couple d’Ouette d’Egypte, à la grande surprise des guides (un couple n’avait été observé que du 26 février au 23 mars), est vu avec 7
poussins d’un jour le 29 mai. Cette espèce est présente naturellement en Afrique au Sud du Sahara et en Egypte où on la retrouve sur les hiéroglyphes. Elle fut introduite comme oiseau d’ornement
aux Pays Bas, Belgique, Allemagne, Grande Bretagne où maintenant plusieurs milliers de couples nichent.

En 2006 23 couples nichent en France (Alsace, Lorraine, Pas de Calais…) avec une première nidification à Caen en 1985. En 2011 se sont 116 à 152 couples qui se reproduits dont 1 à 3 couples dans
l’Aisne. Elle a niché avec succès près de Rue en 2007 et 2010.

 

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Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Jean Bail

Voilà deux images vraiment pas évidentes à saisir sur le parc… La Bouscarle de Cetti est certes photogénique avec son plumage soyeux mais le mannequin n’est pas du genre
« people » ! Pourtant elle est d’origine méditerranéenne. Croisette et Promenade des Anglais elle connaît… du moins il y a quelques années quand le paysage était, disons plus
« sauvage » !

La bouscarle est arrivée dans la Somme dans les années 1960 pour devenir un nicheur régulier dans les années 1970. Les effectifs ont été fluctuants en fonction des vagues de froid pendant 30 ans,
décimant les populations qui ont pu revenir. Mais aujourd’hui malgré les quatre derniers hivers froids la petite « brunette » s’est adaptée au climat picard ! Son observation reste
malaisée car l’oiseau passe le plus clair de son temps au cœur des zones buissonnantes. Toutefois son cri d’alerte entonné par les deux sexes est inoubliable. Un brusque et très sonore
« pipich tipich tipitch » lancé à la va-vite faisant sursauter le promeneur plongé dans une rêverie toute naturelle le long des sentiers… ! Comme le rossignol ou le troglodyte, la
discrétion du plumage doit être compensé … par une voix de ténor !

Au fait, qui était Cetti ?! : Francesco Cetti était un jésuite italien (1726-1778) mathématicien et surtout naturaliste. Il décrit la bouscarle pour la première fois en 1774 dans un ouvrage
sur la faune de Sardaigne, mais l’espèce ne sera nommée officiellement par Jacob Temminck (le bécasseau…) qu’en 1820 ! Quant au joli nom plein de soleil de bouscarle, il vient du provençal
« bouscarlo » désignant un oiseau aimant bosquets et fourrés.

 

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Texte: Philippe Carruette (Responsable pédagogique)

Photos: Alain Bobillier