Des billets sur l’actualité saisonnière des oiseaux, des observations naturalistes, des données inédites de baguage… vous pouvez également soumettre vos observations et photos.

Au détour d’un regard entre les postes 1 et 2, on distingue des sortes de bogues sur les branches d’un églantier. Cet amas de tissu est bel et bien fabriqué par cet arbuste, tel un bouclier pour se protéger d’un petit hyménoptère, le Cynips du rosier (Diplolepis rosae) à la couleur noirâtre.

La femelle pond sur les bourgeons de la plante hôte, véritable pompe à sève. Les larves se développent dans une galle ou bédégar – « souffle de rose » en persan – décorée par des fils végétaux collants et chevelus lui valant aussi le nom de « barbe de Saint-Pierre ». Les larves se muent ensuite en nymphe, et c’est au printemps suivant qu’elles vont perforer le bois qui s’est formé, afin de sortir sous forme de petites abeilles.

À noter que cette espèce se reproduit par parthénogenèse, stratégie qui repose sur le développement d’individus issus de gamètes non fertilisés ; donc pas besoin de fécondation ! L’effet parasitaire de cet insecte est assez faible et n’entrave pas complètement la croissance de l’églantier.

Texte et illustrations : Florent Creignou

Tous les matins, en passant sur le sentier près de la héronnière, une Rainette arboricole a pris l’habitude de se reposer sur la tige d’une ronce morte. L’après-midi, avec la chaleur revenue, elle y est absente, vaquant à ses occupations alimentaires d’amphibien dans la végétation riche en invertébrés. Lors de nos sorties guidées en soirée, on la retrouve de nouveau reprenant son bain de soleil. 

Un point de repère pris sur la ronce montre qu’elle est fidèle à son emplacement au centimètre près, et cela depuis plusieurs semaines ! La mémoire est un élément essentiel à la survie des espèces : elle enregistre les “bons plans” tout comme les mauvaises expériences… quand elles daignent laisser la vie sauve ! Le choix d’un site d’hivernage, ou de reproduction, d’un lieu de gagnage, d’un emplacement de repos ou de halte migratoire n’est donc pas dû au hasard, et est appelé à se perpétuer parfois pour de nombreuses années. N’oublions pas que c’est une nécessité vitale de ne pas se tromper, d’analyser et de corriger ses erreurs. 

Et même (voire surtout !) pour une “simple” grenouille, ce repos solaire est indispensable, comme pour tout batracien qui est tributaire de la chaleur ambiante pour réguler sa propre température, conditionnant ainsi son activité. Ce moment n’est donc pas anodin et elle ne doit pas être dérangée par une approche trop brusque ou trop intrusive ! Profitons donc de ce bijou vert avec grande bienveillance.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley

TELECHARGER le comptage du 05 août  2019

En bref: plus de 6,000 Huîtriers pies sur les reposoirs du Parc, 1470 Courlis cendrés, 275 Spatules blanches, 109 Chevaliers gambettes….

Une série de contrôles de bagues vertes récentes qui nous fait bien plaisir, tant on sait combien certaines années la mortalité est forte chez les jeunes cigognes en migration !  

Six oiseaux ont été contrôlés par Jean-Michel Sauvage – merci ! – sur la cimenterie de Dannes (Pas-de-Calais) les 29 et 30 juin 2019, dans un groupe de 45 oiseaux.

  • FDMV bagué le 28/06/2018 sur le Parc.
  • FDMY bagué le 09/06/18 à Noyelles-sur-mer ; le 22 janvier dernier, l’oiseau était à Olmeda en banlieue de Madrid !
  • FHXA bagué le 31/05/2017 à Merlimont (62) ; le 27 février dernier, il était à Courcoury en Charente-Maritime dans un groupe de 144 individus.
  • FHXP bagué le 30/06/18 dans la héronnière du Parc.
  • FDMR bagué le 11/07/2017 dans le Domaine du Marquenterre.
  • FHXT bagué le 23/06/2018 sur le nid du point de vue du Parc.

On constate que de plus en plus de jeunes, au lieu de rester traditionnellement sur le lieu d’hivernage durant leur deuxième année, remontent sur les lieux potentiels de nidification alors qu’ils n’ont pas atteint leur maturité sexuelle.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Alexander Hiley, Margot Tharan

Sur une tige d’oyat, un gros coléoptère se repose en ce matin d’été avec discrétion et lenteur. Un vrai bijou des dunes : c’est le Hanneton foulon (Polyphylla fullo). Ses élytres – la carapace qui protège les ailes fragiles – sont de couleur chocolat, marbrées de taches blanches du plus bel effet. Comme chez tous les hannetons, les antennes sont un éventail de 7 feuillets plus développés chez le mâle. Si on le saisit – il est vraiment inoffensif ! – on entend des “cris” aigus, comme si on passait un doigt humide sur une vitre : ce n’est que le frottement des derniers segments de son abdomen sur les élytres, comme le font aussi certains Capricornes. 

La larve est le ver blanc bien connu, qui se nourrit dans les dunes des racines d’oyats et de divers débris végétaux. L’adulte, dans sa sobriété, consomme des aiguilles de pins, la nuit, sans aucun impact sur la masse du feuillage des résineux.

C’est lors des longues soirées crépusculaires de début d’été que les mâles vont voleter autour des pins, antennes en éventail à la recherche des femelles posées. Et le lendemain matin, sur les chemins du Parc, quand nous partirons dans les postes d’observation, nous trouverons au sol les deux élytres séparées… restes déchus des amours du Foulon, qui a attiré aussi l’appétit du Faucon hobereau et des chauves-souris. Mais dans 3 ans, après 3 nymphoses, notre grassouillet ver blanc deviendra à son tour, comme pour honorer un calendrier saisonnier bien réglé, un joyau éphémère du solstice d’été !

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Nathanaël Herrmann, Philippe Carruette

TELECHARGER le comptage du 31 juillet 2019

En bref: Plus de 4000 Huîtriers pies en baie, 298 Barges à queue noire, 98 Chevaliers gambettes, 3 Chevaliers sylvains…

Après la floraison des Rhinanthes à feuilles étroites, le jaune est toujours d’actualité sur le Parc. Dans les dunes grises ou blanches bien ensoleillées, le Pavot cornu (Glaucium flavum) s’est épanoui. De la famille des pavots (les Papavéracées) il porte en effet une grosse fleur jaune et des feuilles bleutées aux poils rêches. Après la floraison rapide, va apparaître le fruit, une longue et étroite capsule contenant de nombreuses graines noires. 

Dans le nord de la France, la plante est essentiellement littorale mais a trouvé aussi un milieu chaud et sec original sur… les terrils du Pas-de-Calais ! Mais attention : la fleur, les graines et le latex orangé de cette belle glaucienne sont tous fortement toxiques !

Texte et illustrations : Philippe Carruette

Les oiseaux sont connus pour leurs migrations… et on ne parle que de “ça” en ce moment sur le Parc, avec le retour des migrateurs nordiques dès la fin juin, notamment les limicoles. Mais ils risquent de se faire un peu voler la primeur par des compétiteurs encore plus étonnants, avec ces vents de sud en provenance du Sahara !

En effet, les papillons Belles-Dames (Vanessa cardui) remontent vers le nord. Après des conditions favorables en Afrique, notamment des pluies sur la zone sahélienne, les émergences plus tardives qu’à l’habitude sont légion. Ce sont alors des millions d’individus qui vont traverser le désert, la Méditerranée, et gagner toute l’Europe. Certains arriveront jusqu’en… Islande !

Prodigieux voyage de milliers de kilomètres qui se voit dans la voilure usée des individus clairs et assez petits que vous pouvez observer sur vos lavandes dans les jardins, ou en vol, plein nord, au-dessus des champs et des dunes. En 1996, des papillons marqués en Algérie ont été retrouvés quatre jours plus tard dans le sud de l’Angleterre. Par vent favorable, les insectes peuvent voler à 30 km/heure et parcourir près de 500 kilomètres par jour !

La dernière grande “invasion” dans notre région date de 2009 où près de 20 individus par minute étaient comptés sur le Parc au point de vue, et où des milliers de Belles-Dames étaient observées par Christophe Lebrun (ancien guide du Parc) longeant la départementale à Quend. Après s’être reproduits dans notre région – ils pondent sur les chardons, mauves et orties – ces insectes vont mourir. La génération suivante, plus grande et colorée, pourra remonter plus au nord ou repartir vers le sud pour y hiverner.

Texte : Philippe Carruette

Illustrations : Philippe Carruette, Nathanaël Herrmann