Pouillots véloces pécheurs !
En cette fin mars on n’entend quasiment pas de chant. Et pourtant nombre de passereaux migrateurs ou sédentaires sont là. Le vent d’est fort, le froid et l’absence quasi de nourriture ne
favorisent pas l’activité. Il est en effet difficile de chanter le ventre vide ! La nature est en sa période la plus chiche, pénurie amplifiée par le déficit alimentaire commencé dès l’été
dernier par une faible fructification des arbres.
Le plus dur va être sans nul doute pour les migrateurs méditerranéens et transsahariens venant d’arriver. Le Pouillot véloce est de cela. Il
a adopté un comportement que nous avons rarement remarqué. Il papillonne au-dessus de l’eau pour capturer le moindre invertébré. Les pattes touchent même l’eau et les battements d’ailes rapides
le maintiennent en vol en « saint esprit ». Les pouillots sont aussi observés cherchant leur nourriture au sol ou sur les branches basses le long des berges. Les premiers insectes sont
présents souvent d’abord près des zones humides. Et le fort vent d’est gêne la capture d’insectes au sommet des rameaux comme le font habituellement ces insectivores. Les premières hirondelles
vont être aussi confrontées à ce même souci, le vent rendant en plus inaccessible le plancton aérien. Pour les plus fortes se sera la rétro migration vers la vallée de la Loire véritable barrière
climatique, pour les autres se sera l’ultime retour.
Mais cela n’empêche pas des migrateurs de revenir d’Afrique extrêmement tôt. Un mâle de Rougequeue à front blanc est observé le 23 mars tout
comme plusieurs Faucons hobereaux. Un mâle de Gorgebleue est noté aussi le 23 mars ce
qui donne des dates d’arrivée record en précocité pour le parc. On voit bien que les oiseaux sont incapables de prévoir le temps. De bonnes conditions sur leur trajet de retour les incitent à
filer de plus en plus au nord pour gagner leur site ancestral de nidification. Choc thermique de quelques… 30 degrés pour ces oiseaux qui arrivent du Mali, Niger… !
Texte: Philippe Carruette
Photos: Pascale Bécue et Michel Goin
Bravo pour ces belles images. De nombreux observateurs ont noté en Picardie des quantités impressionnantes de Pouillots véloces qui se nourrissaient au bord de l’eau ou, quasiment au sol, dans des cultures, en particulier dans des parcelles de choux ou espèces voisines (utilisés comme cultures intermédiaires pièges à nitrates). C’est donc un retour difficile pour ces minuscules passereaux !
Vivement le printemps !
Thierry Rigaux