Pudibonde, vraiment ?
Pour terminer avec les chenilles écharpes – et il commence à faire froid, elles deviennent rares ! – voilà vraiment celle que vous devez porter lors de la prochaine Coupe du Monde ou, carrément, au carnaval de Venise : la Patte étendue ou Pudibonde (Calliteara pudibunda).
Elle a un superbe corps verdâtre, tout comme la tête, orné de dessins noirs. Le tout est surmonté sur les quatre premiers segments de brosses jaunâtres du plus bel effet. Le huitième segment est pourvu d’un petit “pinceau” de soies rouges. Nul doute qu’elle aurait été invitée dans les soirées excentriques organisées par Sarah Bernhardt, dans son ancien fort situé à la pointe des Poulains à Belle-Ile-en-mer, entre panthère et crocodile ! Mais attention, elle est plutôt urticante ; toutefois la grande dame avait, paraît-il, plutôt un fort caractère… Rassurez-vous, pour les adeptes du sobre vestimentaire, il existe des formes brunes ou grises beaucoup plus discrètes. La nature pense à tous les goûts !
La Pudibonde est commune sur le Parc et se nourrit de feuilles de nombreuses espèces d’arbres et d’arbustes. La chenille se nymphose en automne et le papillon nocturne, gris clair avec des bandes sombres aux ailes, émerge de fin avril à juin. La chenille est d’ailleurs, elle aussi, plutôt active de nuit – on la comprend vu son look !
Mais pourquoi le nom vernaculaire de Pudibonde ou Patte étendue ? Quand on la dérange, avant de se mettre en boule, elle fait le gros dos, rentrant sa tête comme si elle boudait, déployant ses soies ; le papillon adulte, quant à lui, a tendance à étendre ses pattes velues au repos pour passer encore plus inaperçu sur une branche claire.
Texte et illustrations : Philippe Carruette