Quel tordu celui-là…
« Moi, monsieur, si j’avais un tel bec, il faudrait sur le champ que je me l’amputasse ! », voici la tirade que pourrait entonner notre Cyrano du Marquenterre. En effet, ce Bruant jaune au bec quelque peu extravagant a été aperçu plusieurs fois sur le parc. Toutefois, même si celui-ci pourrait faire fureur au théâtre, son bec biscornu lui fait défaut et peut à nos yeux l’handicaper pour diverses raisons, notamment au niveau du nourrissage et du lissage des plumes pour se protéger du froid et des parasites. De plus, si Monsieur fait de l’excès de zèle, nos dames risquent de prendre peur et de choisir des individus plus aux normes afin que cela ne pose pas de soucis quant à la construction du nid et à l’élevage des petits.
Sachez tout de même que s’il s’agit probablement d’un cas isolé ici dû à un accident génétique, il y a une « épidémie » de becs déformés en Amérique du nord. Cette multitude d’oiseaux bizarres a intrigué les chercheurs qui, après avoir rejeté les maladies génétiques, microbiennes et bactériennes ainsi que les virus comme cause de ces déformations, ont privilégié l’hypothèse d’une cause environnementale… les pesticides ! Effectivement, les pesticides contiendraient des substances qui agissent au niveau du foie, ce dernier étant à la base de la production de kératine qui entoure l’os du bec. Les répercussions de ces produits sur le foie des oiseaux entraînent une croissance anormale de kératine que l’on peut alors observer au niveau du bec.
Jadis, ce phénomène avait pu être observé dans la région des Grands Lacs en Afrique et en Californie. Les scientifiques avaient associé des malformations du bec sur divers espèces d’oiseaux à des substances telles que le sélénium et les organochlorés. Suite à l’interdiction des ces polluants, il y eu de moins en moins d’oiseaux au bec déformés.
Enfin, pour en revenir à notre petit bruant, nous espérons donc que celui-ci ne vous passera pas sous le nez.
Texte: Alexandra Wilmet (Guide Naturaliste)
Photo: Nicolas Flutet (Guide Naturaliste)