Petit mais costaud !
C’est en hiver que l’on a le plus de chance de rencontrer les roitelets. L’absence de feuilles permet de repérer ces « poids plume », sans cesse en mouvement. Cinq grammes, un physique de mini pelote de plumes orné d’une raie en couleur sur la tête, le Roitelet huppé a tout sauf avoir l’air d’un grand migrateur au profil élancé! Et pourtant un Roitelet huppé bagué en Pologne a atteint nos Pyrénées en 12 jours. Un autre, bagué en Suède, arrive dans le Morbihan 14 jours plus tard ! Un roitelet bagué en Slovaquie fut retrouvé 25 jours plus tard dans un jardin de Flixecourt….
C’est surtout d’octobre à mars qu’en Picardie on rencontre ces petits migrateurs qui se déplacent en groupe, souvent en compagnie des quelques Pouillots véloces hivernants, mésanges ou grimpereaux. Les Roitelets huppés apprécient les conifères où il s’activent avec une frénésie rare à la recherche minutieuse des petits insectes, chenilles sur l’écorce ou la moindre aiguille de pin. Leurs cris de contact très aigus les fait vite localiser mais il est bien difficile de les observer tant ils ont la «bougeotte». Ce métabolisme fait qu’ils mangent jusqu’à 7 grammes de nourriture par jour, capturant parfois jusqu’à 200 collemboles (petits crustacés forestier) à la minute . Sur le littoral, les pinèdes de Pin laricio du massif dunaire sont un lieu privilégié pour de spectaculaires passages migratoires. En 1990, sur une matinée, plus de 2000 roitelets bien peu farouches remplissaient le parking boisé du parc du Marquenterre. Début novembre 2014 les guides naturalistes de ce site protégé en ont bagué près de 450 en une matinée . Pesés, mesurés, étudiés sur toutes les coutures, ils seront bien malgré eux des ambassadeurs involontaires de la connaissance scientifique.
Mais le Roitelet huppé n’est pas originaire que de Scandinavie. Il niche aussi en Picardie en faible densité, où il apprécie les jeunes pinèdes et les forêts mixtes. Une autre espèce de roitelet niche aussi dans le sud de l’Oise et l’Aisne mais à priori pas dans la Somme, le Roitelet triple bandeau. On le reconnaît à son fin bandeau noir sur l’œil avec un sourcil blanchâtre plus large. Et si vous n’avez jamais observé ce petit passereau vivant, peut être vous rappelez vous d’une certaine marque de fromage qui avait sur le couvercle de sa boîte le portrait du roitelet?
Et pour terminer une légende. Le roitelet sous ses airs débonnaires est à vrai dire très prétentieux et a toujours voulu être le roi de tous les oiseaux. Pour cela, il tente de voler aussi haut que le plus grand planeur l’Aigle bien royal. Il adopte un astucieux stratagème en se « muchant » dans son plumage. Très haut dans le ciel il quitte l’aigle pour voler encore plus haut de ses petits ailes. Si haut qu’il touche un rayon du soleil. C’est pour cela qu’une raie d’or (orange chez le mâle) marque à jamais le dessus de son crâne. La marque de l’astre pour un petit champion du peuple migrateur….
Un article très intéressant et beau à la fois, avec ce bouquet final.
Belle photographie d’un oiseau difficile à photographier , tant il est mobile.
Valérie
Salut.faudrait savoir les gars.qd j ai dit a un guide que j avais photographier un triple bandeau,peu commun pour picardie nature.les oiseaux de picardie.il m a repondu en avoir baguer 500.et la le triple bandeau est de nouveau rare en somme?
Bonjour Mr Poirey, Dans l’article il est marqué que le Roitelet triple bandeau est rare dans la Somme en tant que nicheur. En effet, pendant la période de reproduction il est très localisé en Picardie surtout dans notre département où son statut de nicheur est peu connu . Le chiffre cité par les guides naturalistes concerne les oiseaux en migration post-nuptiale où l’espèce est en effet plus commune. Je rajoute deux points: ce chiffre reste tout de même exceptionnel; la RN de la baie de Somme est parmi les premiers sites nationales pour le baguage de l’espèce en migration post-nuptiale. J’espère que cela éclaircit un peu son statut dans la région !