Un terrain de chasse hivernal
C’est en hiver que le Parc accueille le plus grand nombre d’oiseaux. Dans les prairies inondées du parcours rouge près de 2000 Pluviers dorés se partagent l’espace avec 300 Barges à queue noire et plusieurs centaines de Vanneaux huppés. Ici les canards se comptent par millier, tout comme les Etourneaux qui se nourrissent frénétiquement dans les prairies. Avec une telle concentration de proies potentielles le parc devient un véritable terrain de chasse pour de nombreux prédateurs aériens.…
L’envol spectaculaire des limicoles signale souvent la présence d’un danger. Surgissant brutalement, le Faucon pèlerin ou l’Epervier frappent par surprise ! Les Vanneaux sont parmi les premiers à réagir, et sont souvent les derniers à se reposer…après le drame! Les Pluviers dorés cherchent en vol sécurité dans la masse, et tournent en synchronisation parfaite. Comme les bancs de poissons chacun suit le mouvement exact de son voisin créant un effet de confusion chez leur prédateur. Le calme revenu, ils survolent à plusieurs reprises leur reposoir avant de descendre « en pluie » tous en même temps. Quant aux Barges, elles restent au ras de l’eau volant en arabesques. Du clair au sombre en une demi-seconde, le contraste de leur plumage fait un effet « spot » quand elles virevoltent à haute vitesse.
Bien sûr ces techniques d’évasion demandent une dépense d’énergie conséquente, et le signal de départ ne sera donné que si nécessaire. C’est ainsi qu’un grand rapace bien posé au sol dans la prairie peut « cohabiter » pacifiquement sans provoquer le moindre dérangement. Inversement, même le plus petit des rapaces européens, le Faucon émerillon, est capable de semer la panique totale tant qu’il est en mode chasse !
Dans la baie de Somme, l’hiver est certainement l’une des périodes les plus propices pour observer ces oiseaux mythiques qui ont toujours fasciné l’homme. Le Faucon pèlerin, la Buse variable, le Busard Saint Martin ou des Roseaux, l’Epervier, ou encore le mythique Hibou des marais fréquentent tous les mollières ou polders autour de l’estuaire à cette période de l’année. Les oiseaux locaux se mélangent avec les migrateurs, partis de Scandinavie en automne avec la diminution de ressources alimentaires provoquée par les températures en baisse.