Une nouvelle espèce végétale pour le Parc
Les nouveautés s’enchaînent sur le Parc ces derniers jours, tant pour les oiseaux et les insectes que pour les orchidées. Un pied bien en fleurs d’Ophrys abeille (Ophrys apifera) vient d’être trouvé le long d’un chemin du parcours d’observation. C’est la première fois que cette espèce est inventoriée sur le Parc depuis sa création en 1973. Nous sommes plus habitués à rencontrer en ce moment dans nos marais les grandes orchidées violacées que sont les dactylorhizas, plutôt que cette adepte pionnière des larris calcaires. Mais elle peut s’adapter à des bois clairs et même des jardins ou des talus de bord de route.
On la reconnaît à son labelle velouté, brun arrondi aux motifs jaunes clairs très variables. Sa forme, qui est celle de l’abdomen d’une abeille, attire ainsi les pollinisateurs qui croient trouver un partenaire avec qui se reproduire. Les mouvements désordonnés de l’insecte l’amènent à toucher les pollinies qui vont se coller à lui, permettant ainsi d’aller involontairement féconder une nouvelle fleur. Elle émet d’ailleurs une odeur – phéromone olfactive – qui rappelle celle de la femelle d’abeille solitaire. Mais c’est aussi la seule du genre capable d’autogamie : quelques heures après l’ouverture de la fleur, les pollinies peuvent se dessécher rapidement et tomber sur le stigmate, pour le féconder. Pratique quand on est pionnière dans un lieu ! En expansion, l’Ophrys abeille reste relativement localisée en Picardie, où elle est présente sur les coteaux calcaires de la Somme, de l’est de l’Oise et du centre de l’Aisne.
Texte : Philippe Carruette / Illustrations : Benjamin Blondel, Cécile Carbonnier