Winter is coming
« Une hirondelle ne fait pas le printemps », « Quand les chouettes chantent le soir, signe de beau temps », « Un froid de canard »… La langue française regorge d’expressions et de dictons liés aux animaux prédisant ou décrivant la météo et le changement de saison. Bien qu’étant à prendre avec des pincettes, ils peuvent se révéler étonnamment fiables. Prenons le dernier exemple : « Un froid de canard » est un temps à voir arriver les canards, fuyant le nord où les plans d’eau gelés ne permettent plus l’accès à la nourriture. Ils gagnent alors des zones plus hospitalières. Mais qu’en est-il des canards particulièrement nordiques ? Leur arrivée annonce-t-elle une vague de froid plus intense ? Pourrait-on dire « Harle piette, doublez la couette » ou « Garrot dans nos eaux, hiver à nos portes » ?
Si c’est bien le cas, préparez le bois de chauffage et sortez vos manteaux. Car oui, ils sont arrivés ! Les premiers Garrots à œil d’or sont visibles sur le Parc depuis quelques jours déjà. Deux jeunes sont arrivés le 24 octobre au poste 2. Ils ont ensuite été observés aux postes 7 et 8. Leur arrivée coïncide jour pour jour avec l’année dernière (2 immatures le 24 octobre 2021) ! On attend maintenant la suite avec impatience.
Les Garrots à œil d’or sont des canards plongeurs nichant dans les lacs et étangs forestiers de Scandinavie, Russie et pays de la Baltique. Ils installent leur nid dans des trous d’arbres, souvent d’anciens trous de Pics noirs (un nid de Pic noir peut être situé entre 4 et 15 mètres de haut). Or, comme les autres canards, ils sont nidifuges. C’est-à-dire qu’ils quittent le nid dès la naissance et sont capables de se nourrir seuls. La mère intervient surtout pour les protéger des prédateurs et du froid quand ils sont encore jeunes et que le duvet n’est pas épais. Oui, vous avez bien compris. Quelques heures après la naissance, ils quittent le nid. Qui peut être situé à 8 mètres de haut, si ce n’est plus. Vous imaginez si on jetait un bébé dans son berceau par la fenêtre du troisième étage de l’hôpital ? Eh bien les Garrots le font…
Quoi qu’il en soit, nous sommes plus que ravis de pouvoir les observer à nouveau. L’hiver dernier, près de trente individus étaient présents. Combien viendront cette fois ? Les postes 5 et 6 deviendront bientôt des postes privilégiés pour voir les garrots. Vous aurez tout l’hiver pour venir les admirer, jusqu’en mars où ils rejoindront leurs sites de reproduction.
Belles observations !
Texte : Quentin Libert / Illustrations : Alexander Hiley